En moyenne, 130 jeux concours sont organisés en France chaque jour. Soit 48 000 sur l’année, selon les estimations de Jérôme. En 1999, il fonde son propre site, Jeux Concours Gagnants, pour tous les recenser. Son cas n’est pas isolé. Certains consacrent une grande partie de leur temps à multiplier les participations… et à cumuler les gains.
Jérôme a commencé enfant à jouer. Il remplissait les bons dans chaque Journal de Mickey pour gagner un livre, une peluche ou encore une journée au parc d’attractions. A 44 ans, ce Bordelais remporte un concours sur Internet par mois. D’après Kontest, une plate-forme de création de jeux en ligne, les lots offerts ont une valeur moyenne de 169 euros. Le plus beau trophée dans le tableau de chasse de Jérôme : un séjour dans les montagnes suisses, l’équivalent de plusieurs milliers d’euros.
Une addiction à la chance
Audrey Pissard, elle, assume ne plus pouvoir s’en passer. Pourtant, elle se rappelle s’être d’abord moquée d’une amie qui venait de gagner trois cafetières Tassimo en quelques semaines. Il y a trois ans, elle s’est prêtée au jeu, pour voir. Et n’a jamais arrêté.
« J’ai dépassé les 20 000 euros de cadeaux au printemps dernier », lâche-t-elle, fière et amusée. Une vraie chanceuse. L’été prochain, cette employée d’Intermarché passera cinq jours aux Etats-Unis, à Los Angeles. « J’ai aussi gagné un goûter extraordinaire par Prince de Lu, c’était génial pour ma fille. » Structure gonflable, montagnes de gâteaux et même un vrai prince venu faire l’animation : un événement estimé à 3000 euros. Elle souligne tout de même : « Mais je ne triche pas, je ne me suis pas créée des dizaines de comptes pour avoir plus de chances de gagner, comme certains. »
La très grande majorité de ces jeux sont sur Internet. Des supermarchés, des magazines, jusqu’aux quiz en direct à la radio, en proposent aussi. La marque cherche à attirer de nouveaux clients ou à les fidéliser et en profite pour récupérer leurs données personnelles. Pour autant, les marques n’abusent pas, selon Audrey, de l’utilisation des coordonnées : « Je reçois quelques mails par jour par plus. J’ai un compté dédié. » Elle ajoute : « Mais jamais un coup de téléphone ! »
L’instant gagnant à portée de clic
Jérôme, en tant que simple gérant du site, a accès aux informations sur les utilisateurs. Il a ainsi pu déterminer le profil type de l’adepte d’après ses presque inscrits : une femme de 34 ans, qui habite dans une grande ville et travaille, ne serait-ce qu’à temps partiel. « Beaucoup de personnes âgées jouent aussi, ajoute-t-il, tandis que les catégories sociales plus élevées, elles, n’en sont pas friandes.»
Si Jérôme vit de son site, Audrey a préféré devenir bénévole pour une autre plateforme, Le paradis des jeux concours. Elle lâche, d’un ton naturel : « Quitte à passer mes journées à jouer, autant aider les autres aussi ! » Comme Jérôme, elle teste des quiz pour en fournir ensuite les réponses à ses utilisateurs. Car si pour certains jeux comme les Instants Gagnants, il suffit d’entrer vos informations personnelles et d’espérer être l’élu, d’autres demandent de puiser un peu dans votre culture générale. Si vous tentez de gagner une voiture Toyota, la question peut être : « En quelle année a été créée la marque ? » Les petites mains des plateformes cherchent pour vous, et mettent la réponse en ligne. Il suffit ensuite d’attendre le tirage au sort.
« J’achète beaucoup moins de cadeaux pour les anniversaires et Noël »
La plupart des participants préfèrent les Instants gagnants. Simples et directs: vous participez, vous avez la réponse. Le risque, c’est de devoir se contenter de petits lots, puisque beaucoup plus de joueurs participent. « Une fois, je visais une semaine au camping, et j’ai eu une affiche de films », concède la trentenaire.
Tous deux reconnaissent que leur niveau de vie en a bénéficié. Outre les séjours collectionnés, une partie de leur électroménager vient de leurs gains. Ces derniers permettent aussi des découvertes culturelles. « Beaucoup de cadeaux sont des invitations à des concerts », explique Jérôme. Selon Kontest, 13% des lots sont liés à l’industrie musicale, devant les voyages (10%) et les accessoires de sport (8%).
Et quand les lots ne leur plaisent pas, ils peuvent toujours faire plaisir à leur entourage. « J’achète beaucoup moins de cadeaux pour les anniversaires et Noël », avoue Audrey. Coffrets de produits de beauté, montre connectée Samsung, certains gains s’y prêtent parfaitement. Jérôme et elle se disent raisonnables : ils affirment ne pas accroître leur participation exprès à ces dates-là. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde : la plate-forme Kontest recense une plus forte participation en novembre et décembre. Et la magie de Noël ?
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